COMMUNAUTE - Jibril Semour, le secteur immobilier en Roumanie

Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?

Jibril Semour: J'ai démarré ma carrière en tant que contrôleur de gestion pour Carrefour en France puis j'ai rejoint la société CEGIS toujours en tant que contrôleur de gestion en 2006 sur Paris mais pour les pays de l’Est (Tchéquie, Roumanie, Slovaquie, Russie). J'ai ensuite été directeur du département centres commerciaux de Jones Lang LaSalle en Roumanie entre 2008 et 2011 (parmi nos missions, la commercialisation du centre commercial AFI Palace Cotroceni...). En 2011, je suis revenu chez CEGIS en tant que Directeur Europe (France et Europe de l’Est) et puis, depuis 2016, je suis directeur général du groupe Catinvest Eastern Europe, la société d'Asset management de la foncière d'investissement Catinvest ayant son siège à Bucarest et ses actifs en Roumanie, Tchéquie et Hongrie (6 centres commerciaux à ce jour : Carrefour Orhideea et Cora Pantelimon à Bucarest, Electroputere Craiova et Carrefour Tom Constanta).

Comment se porte le secteur immobilier en Roumanie ?

Le secteur immobilier est depuis 2 ans en pleine croissance avec une accélération très nette de cette croissance en 2017 et des prix d'acquisition de terrain ou de bâtiments résidentiels avoisinants les prix de 2008 sur Cluj ou sur certains quartiers de Bucarest. Le financement bancaire a repris avec des taux intéressants et des avances demandées d'environ 15%, ce qui favorise le secteur, en particulier celui résidentiel. La consommation des ménages est en nette augmentation suite à une baisse de la TVA sur certains produits, l'augmentation du salaire minimum mais aussi un certain "optimisme" général qui favorise la consommation et l’investissement plutôt que l’épargne. Tout cela booste donc les ventes des retailers et de fait le marché de l'immobilier commercial.

Passons à présent à des questions plus personnelles, si vous le voulez bien. Depuis combien d'années êtes-vous installé en Roumanie et comment s'est passée votre adaptation au pays? Quelles ont été les différences culturelles les plus difficiles à dépasser ?

Je travaille en Roumanie depuis 2006 mais j'y suis basé depuis 2009. L’adaptation au pays a été, je dois le dire, plutôt naturelle, sans effort particulier, même l'apprentissage de la langue, assez proche du français, m'est venue assez rapidement et cela a sûrement simplifié mes contacts avec les gens et mon intégration dans ce pays. Je dois préciser que, mis à part quelques différences culinaires, les différences culturelles ne me paraissent pas essentielles et la Roumanie est un pays européen à part entière, très proche culturellement de ses partenaires de l'ouest...

Quelles sont, selon vous, les perspectives économiques de la Roumanie ?

La Roumanie est le second marché d'Europe de l’Est après la Pologne, la plus grosse croissance économique en 2017, un des taux de chômage les plus faibles, tout cela lié à un climat fiscal assez propice aux investissements. Les perspectives selon ces critères sont donc positives même si la croissance est peut-être un peu trop basée sur la consommation des ménages...

L’état des bâtiment en Roumanie pose de vraies difficultés en raison des risques sismiques très élevés. Que pensez-vous qu’il soit possible de faire pour y remédier et attirer de nouveaux clients ?

Je ne pense pas que l’état des bâtiments soit un frein aux investissements. Les données sont assez justes aujourd'hui et les informations sur le risque sismique d’un bâtiment assez faciles à obtenir, ce qui permet très rapidement à un investisseur de savoir où il met les pieds et surtout s'il peut assurer son bien ou non. Un gros travail de vérification a déjà été fait par les autorités, la prochaine étape sera sûrement la consolidation des bâtiments à risque. Qui paiera ces travaux, cela reste néanmoins à définir.

Le pays vous paraît-il de plus en plus attractif du point de vue des investissements étrangers ? Que devrait faire la Roumanie pour en attirer d’avantage?

Oui la Roumanie est de plus en plus attractive, elle est d'ailleurs pour notre groupe le 1er pays d'investissement sur la région. La Roumanie souffre néanmoins encore, souvent à tort, d'une image négative notamment à cause des cas de corruption. Je pense que le pays a besoin de publicité car il a beaucoup plus à offrir que ce que beaucoup d'étrangers peuvent penser de l'extérieur au niveau économique, culturel et touristique d'ailleurs...

Article publié par Lepetitjournal.com